La sélection littéraire du printemps 2021 de la Librairie Papyrus

La sélection littéraire du printemps 2021 de la Librairie Papyrus

Le soleil brille de mille feux, le printemps se mue doucement en été, nos partenaires de la Librairie Papyrus à Namur sont de retour pour nous délivrer une sélection littéraire qui vous emmène dans des histoires au fond des bois, dans le Connecticut du XIXe siècle, dans une recherche photographique en Moravie, dans une enquête policière à Detroit et enfin dans un road-trip familial… Un vrai voyage avant les vacances. Lisez pour vous évader…

  • Au Bois”, Charline Collette @charline.collette, éd. Les fourmis rouges @lesfourmisrouges.

Voici un recueil de douze histoires qui ont pour décor les bois. Pour chaque saison, trois récits dessinés, inspirés de témoignages de femmes, d’hommes et d’enfants qui aiment et respectent la forêt . On y croise des marcassins, des randonneurs, un lynx, des champignons, des coureurs à la lampe frontale, des blaireaux, des enfants spéléologues, des bûcherons, des cabanes et même un étrange farfadet. Et on apprend aussi plein d’informations sur l’univers de la forêt.

A la manière d’une bande dessinée, Charline Collette nous raconte ces histoires originales et poétiques avec son trait naïf et sa palette de couleurs primaires joyeuses. Un livre au charme irrésistible ! 

Une atmosphère graphique unique pour un récit inspirant: comment une jeune institutrice du Connecticut décide, en 1832, d'ouvrir une école pour jeunes filles noires, trente ans avant l'abolition de l'esclavage.

Basé sur une histoire vraie, ce roman graphique est une ode à la résistance, servi par un dessin magnifique ! Une lecture plus qu'approuvée par notre équipe !

Paul Solveig, le héros (ou anti-héros) de cet excellent roman, part à la recherche d'une inconnue rencontrée sur une vieille photo en noir et blanc oubliée par le plombier tchèque sous la table de sa cuisine. Et c'est tout un pan de la vie culturelle et de l'histoire de la Moravie que nous découvrons avec lui, pour notre plus grand plaisir! Tout y est : amour, humour, désillusion, communisme, cinéma, littérature, résistance... et même les poissons chers à Ota Pavel :-) 

Détroit, Michigan, 2013. Ira et Sarah, policiers, sont chargés de mener l'enquête suite au meurtre d'un jeune homme blanc dans un quartier en ruines de la ville, le Brewster Douglass Project. Des meurtres, il n'en manque pas dans cette ville à très forte criminalité. Et Ira connaît bien le quartier, puisqu'il y a grandi. Mais quelle est l'identité de la victime et pourquoi sa route l'a-t-elle mené là ?

Au fil de l'enquête, Judith Perrignon déroule le fil de l'histoire de ce quartier pas comme les autres et de cette ville qui symbolise la grandeur et la décadence du rêve américain, portée pendant des décennies par la montée en puissance du capitalisme et des industries automobiles... avant son déclin, la faillite, la déroute. A l'époque du capitalisme triomphant, la main d'oeuvre de ces usines, principalement afro-américaine, trimait à des cadences infernales, travaillait à bas prix. Et ces familles étaient logées dans le Brewster Project.  

Entre enquête journalistique et oeuvre de fiction, mêlant les époques, les générations, les voix, Judith Perrignon fait revivre l'atmosphère de ce quartier. Elle décrit comment le projet a été initié en 1935 par Eleanor Roosevelt, espérant apporter un semblant de confort pour l'époque à ces familles. Comment les Noirs y ont été "parqués", créant néanmoins une communauté soudée et unie. Comment le quartier a décliné, faute de rénovation, la ville toute entière tombant au fil du temps dans un déclin économique inéluctable. Le lecteur découvre la vie de ses habitants : les joies, la solidarité, mais aussi les désillusions, le racisme, les révoltes des laissés-pour-compte, la drogue et la criminalité qui grignottent du terrain. Et aussi comment la musique, celle qui fait chalouper les corps et prend aux tripes, y a joué un rôle crucial, véritable ciment qui fait tenir ensemble cette société : le blues, la soul, le jazz, joués dans les bars interlopes, attirait les foules, Blancs et Noirs, et surtout, donnait de l'espoir. Combien de talents inoubliables la mythique "Motown records", créée fin des années 1950 à Détroit, a-t-elle révélés parmi la population qui vivait dans ces quartiers ? (Les Suprêmes, entre autres, ont passé leur enfance dans les tours du Browster Project et sont des figurantes incontournables de ce roman).

Détroit, c'est tout cela à la fois. Un mélange détonnant, unique. Judith Perrignon pose un regard acéré mais bienveillant sur toutes les personnes qui ont façonné l'histoire de cette ville, depuis les années 1930 jusqu'à nos jours. C'est fort et passionnant. 

  • Zoomania”, Abby Geni, éd. Actes Sud.

Voici le deuxième roman d'Abbi Geny traduit en français, et c'est un régal. Quatre enfants se retrouvent orphelins, trois sœurs, un frère. Darlene, l'ainée, majeure au moment du décès du père, la mère étant morte déjà plusieurs années auparavant, décide de s'installer avec ses sœurs et son frère dans une grande caravane qui va leur servir de maison. Aucun des enfants ne sera donc placé en famille d'accueil. La cohabitation n'est pas facile tous les jours. Et un soir, suite à une dispute, le frère s'en va. Il réapparaît quelques années plus tard et semble s'être radicalisé sur certains sujets. Commence alors un road-trip qui mènera deux des enfants vers le Sud dans une sorte de fuite militante. Cet ouvrage rassemble tous les bons ingrédients d'un excellent roman : condensé d'émotions, d'idéaux, engagement, amour fraternel, loyauté. Une lecture rythmée, enivrante qui nous emmène vers cette frontière ténue et fragile entre enfance et âge adulte où les certitudes s'effondrent parfois violemment.

N’hésitez pas à pousser les portes de la librairie et de faire la connaissance de Catherine, Natacha, Gregory et de toute l’équipe ! Découvrez plus de chroniques littéraires sur leur site : www.librairiepapyrus.be